Tirer parti des spécificités pédoclimatiques pour ses cultures
Jean-Marc Degans est producteur dans les collines gersoises. Les particularités du territoire lui permettent notamment de cultiver du blé de force, du colza semences, du maïs pop-corn, ou encore du tournesol dérobé.
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C’est dans les collines gersoises, à Tirent-Pontéjac (Gers), que l’exploitation de Jean-Marc Degans se situe. « Nous sommes à mi-chemin entre l’océan Atlantique et la Méditerranée, avec des influences climatiques assez particulières, souligne l’agriculteur ». Les dépressions venant de l’ouest peuvent être déviées vers le nord par le vent de la Méditerranée. Le vent d’autan déborde sur la région en provenance du sud-est.
Ce vent, séchant, impact les cultures d’hiver sur la fin de cycle par phénomène d’échaudage. « C’est très souvent le moindre remplissage des grains qui impacte le rendement du blé. Nous avons souvent des grains assez petits mais assez riches en protéines, ce qui nous permet de faire du blé de force. C’est une culture qui donne moins mais qui reste intéressante », assure l’agriculteur, dont un tiers de la sole de blé tendre est dédié au blé améliorant.
Colza porte-graine
Il permet aussi de garantir des bonnes qualités sanitaires pour le maïs pop-corn, très exigeant. En effet, les épis de ces variétés ferment mal et constituent un point d’entrée pour les insectes, augmentant le risque mycotoxines. Les conditions séchantes limitent ce risque. Finalement, une bonne partie de la sole de Jean-Marc Degans est dédiée au maïs pop-corn, valorisé auprès de Nataïs.
Dans la zone, qui connaît des fins d’été chaudes et sèches, la culture du colza conso est très rare car l’implantation et difficile et la pression altises importante. Cette dernière nécessite « une grande rigueur de traitement, que l’on ne pourrait pas avoir sur des grandes surfaces de colza conso », explique l’agriculteur. En revanche, la faible présence de colza aux alentours et la possibilité d’irriguer permettent d’envisager la production de semences en partenariat avec Pioneer. Pour mener à bien la culture, « tout est basé sur la vitesse de levée », indique-t-il. « Il nous arrive régulièrement d’irriguer avant et après les semis ».
Des digestats liquides sont également épandus avant semis pour booster la culture. Ces apports de matières organiques, complétés par du fumier et l’implantation de couverts hivernaux (fèves), sont d’ailleurs valorisés au travers d’un engagement Label bas carbone porté par Agro d’Oc (1).
Des pivots dans les coteaux
Autre caractéristique marquante pour l’exploitation : celle d’un paysage vallonné. Jean-Claude Degans a développé l’irrigation sur les coteaux orientés au sud (2), « souvent en pivots pour éviter le phénomène d’érosion ». Il explique : « les maïs pop-corn aiment ces coteaux séchants et qui montent vite en température ». Par ailleurs, ces parcelles n’ont souvent pas d’historique maïs, un point important pour la gestion des adventices. Le cahier des charges du maïs pop, « c’est zéro pied de datura dans la parcelle », précise l’agriculteur. Bâchage des bennes, récolte avec une machine agréée par Nataïs, stockage interdit sur la ferme, normes strictes sur le désherbage du datura… Les contraintes sont nombreuses mais le débouché est néanmoins « très intéressant ».
Jean-Marc Degans explique produire un peu de maïs grain, qu’il valorise majoritairement en direct auprès d’un regroupement d’éleveur, qui l’achète à 35 % d’humidité. « Mais vu mes contraintes, j’ai du mal à le faire car le maïs sèche trop vite. On est obligés de le faire en bas-fonds pour s’assurer d’une humidité assez standard et régulière ».
Pression insectes importante
Dans le territoire, l’arrière-saison est très sèche. Grâce à cela, « on est capables de faire du tournesol dérobé derrière un colza. Un tournesol en fleur en septembre ne nous dérange pas », indique le producteur, qui explique obtenir un rendement d’environ 20 q/ha « presque aux normes » avec trois tours d’eau de 30 mm de moyenne.
En revanche, l’exploitation est aussi marquée par de fortes pressions d’insectes. Si Jean-Marc cultivait du soja, il a arrêté à cause de l’héliothis, mais aussi de la pyrale du haricot et de la punaise. « La culture du soja bio s’est tellement développée dans la région que la pression s’est développée massivement », explique-t-il. Il a préféré arrêter la culture plutôt que multiplier les insecticides. Autres cultures qui ne font pas partie de l’assolement en 2024-2025 : le blé dur, jugé trop risqué au regard des prix actuellement proposés (fusariose, mitadinage…), ou encore le pois chiche. Bien qu’« intéressante et très adaptée aux coteaux calcaires », il regrette un manque de débouchés pour cette culture.
(1) Union des Centres d’étude des techniques agricoles (Ceta) d’Oc.
(2) Nommé dans le patois local « soulan » par opposition aux « paguères », pour le versant nord.
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